mardi 12 mai 2015

Dans le quotidien La Montagne.

Montluçon
Auvergne > Allier > Montluçon 12/05/15 - 06h00

Les apiculteurs de la région de Montluçon moins touchés par la mortalité des abeilles

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Pierre Goudard et d’autres adhérents du rucher école du Cheminot installent les abeilles dans des ruches plus grandes, avec plus de cadres, pour la colonie puisse se développer aux beaux jours.? - photo florian Salesse
Pierre Goudard et d’autres adhérents du rucher école du Cheminot installent les abeilles dans des ruches plus grandes, avec plus de cadres, pour la colonie puisse se développer aux beaux jours.? - photo florian Salesse
Alors que leurs confrères du bassin vichyssois sont confrontés à une mortalité allant jusqu’à 50 %, les apiculteurs montluçonnais se disent préservés.
Des ruchers sous haute surveillance
Avec les beaux jours, les apiculteurs du rucher-école du Cheminot de Montluçon et sa région s'affairent comme des ouvrières. Les adhérents installent les abeilles dans de nouvelles ruches afin de développer les colonies.
Dans leur écrin de verdure, au pied du château d'eau de Buffon, les apiculteurs reconnaissent travailler dans un cadre privilégié et constatent moins souffrir de surmortalité contrairement à leurs collèges de l'agglomération vichyssoise. « Nous sommes soumis aux mêmes problèmes que partout en France mais c'est moins grave qu'ailleurs, remarque Alain Gagnet, le président du rucher école du Cheminot. Il est vrai que nous avons la chance de profiter d'un environnement préservé à Buffon. Il y a une diversité de plantes. La proximité de la ville est aussi bénéfique car les abeilles trouvent des fleurs toute l'année dans les jardins. En plus, la ville utilise moins de produits phytosanitaires. »
Pierre Goudard, ex-président et fondateur, explique aussi cette bonne santé des insectes, par la nature même de l'association. « Il ne faut pas oublier que nous sommes un rucher de loisirs. Ce sont des passionnés qui gèrent leurs ruches. Ils leur accordent beaucoup plus d'attention car ils n'ont pas de contrainte de temps. Ce que les professionnels qui ont beaucoup plus de ruches, qui doivent les déplacer, ne peuvent pas faire, insiste Pierre Goudard. C'est comme lorsqu'on parle de la qualité du miel en ville, les apiculteurs professionnels ne pourraient pas vivre uniquement des productions de miel en ville. »
Trois conditions pour des ruches en bonne santé Cet apiculteur amateur et émérite énumère trois conditions pour garder des ruches en bonne santé : bien surveiller ses colonies ; un environnement offrant de quoi butiner tout au long de l'année ; des conditions climatiques favorables. Il reconnaît cependant que les conditions de survie des ruches deviennent plus délicates et que le travail d'apiculteur prend « plus de temps qu'il y a vingt ans ».
Pierre Goudard estime que les raisons de la mortalité des abeilles sont multifactorielles. Depuis ces quinze dernières années, les apiculteurs ont subi le retour du varroa, un parasite qui affaiblit les colonies et les rend plus sensibles aux maladies. Un traitement médical existe mais il n'est efficace que s'il est utilisé à bon escient. « Il faut respecter les indications du fabricant. Pendant longtemps, les traitements ont été utilisés de manière empirique ce qui a engendré une résistance des insectes. » Le frelon asiatique est devenu depuis plusieurs années une nouvelle plaie pour les apiculteurs.
La monoculture est également néfaste à la survie des abeilles. « Quand les champs de colza sont en fleurs, les abeilles ont à manger. Mais si d'autres cultures ne prennent pas le relais ensuite, elles meurent de faim. »
Un autre point à prendre en considération est la nature des abeilles (voir ci-dessous). Pierre Goudard souligne qu'il est important de choisir un écotype adapté à la climatologie et à l'altitude
« Pour connaître les raisons de la mortalité des abeilles, il faut prendre en compte tous les éléments. Certaines maladies peuvent être détectées. C'est un raccourci d'accuser le paysan qui traite ses cultures », conclut Pierre Goudard.
Florence Farina