Cet exterminateur d'abeilles, apparu dans notre région en 2004, est dangereux pour l'économie et l'écologie. Reste à savoir comment l'éliminer au plus vite.
Le frelon façonne un magnifique nid de papier dont la forme en demi-coquille d'œuf est très caractéristique. Photo archives Emilie Drouinaud
«Avant d'être à la retraite, j'étais technicien de maintenance », précise Guy Dumas. Mais ce n'est pas ce qui explique qu'il soit devenu correspondant officiel en matière de frelon asiatique dans l'ensemble du canton de Tonneins, pour la préfecture du Lot-et-Garonne. « Je suis aussi fils de paysan et chasseur », ajoute le sexagénaire, qui a suivi une formation pour compléter ses connaissances. Et les mettre au service de ses concitoyens. Comme cet après-midi à la terrasse du bar-restaurant Le Toscan, quand le propriétaire vient lui signaler la présence dans son jardin d'un nid de frelons.
L'invasion suivie sur une carte
À partir de là, Guy Dumas connaît la procédure à appliquer. « Je me rends sur place pour constater. Le propriétaire doit me donner les coordonnées cadastrales du terrain, que je transmets à la préfecture. Avec l'essence de l'arbre sur lequel le nid est installé. La préfecture matérialise ensuite cette position par des points de couleur sur une carte, ce qui permet de suivre l'évolution de l'espèce et de son invasion. »
Ensuite, c'est un spécialiste qui prendra en charge la destruction du nid. Guy Dumas, lui, à force de lever le nez vers les nids, est devenu incollable en matière de Vespa velutina. Il sait que pour cet hyménoptère, tout commence en mars, quand la fondatrice commence à construire. « Au début, pas plus gros qu'un bol. Mais le frelon façonne un magnifique nid de papier dont la forme en demi-coquille d'œuf est très caractéristique. Il faut un point d'eau à proximité pour travailler cette pâte à papier. Les fondatrices, elles, ont besoin de protéines et de sucre. »
« De mars à la mi-juin, le nid grossit. La reine ne sort plus. Elle pond des œufs qui donneront tous des ouvrières. Début juin et juillet, la colonie est composée d'ouvrières adultes et, vers la fin de l'été, de mâles et de femelles sexuées. »
2 000 frelons par nid
« Les femelles sexuées, futures reines, passeront l'hiver dans un endroit abrité, avant, pour quelques-unes d'entre elles, de fonder au printemps une colonie. Lesquelles bâtissent et sortent pour ramener des proies afin de nourrir le couvain et des substances sucrées pour les adultes restés au nid. »
« Chaque nid abrite quelque 2 000 frelons, dont 150 fondatrices, qui peuvent l'année suivante nidifier lorsqu'elles ont été fécondées. À l'automne, les sexués émergent du nid et s'envolent pour s'accoupler. Les mâles et les ouvrières ne passent pas l'hiver. Seules les futures reines survivent et cherchent un abri pour l'hiver : vieille souche, talus, abri sous écorce. »
Guy Dumas, piégeur de formation, a abandonné un peu la piste des renards, corbeaux et corbeilles noires pour la ligne de vol de Vespa velutina. « Cette année, confie-t-il, une quinzaine de nids m'ont été signalés à Tonneins et Fauillet, à Clairac et Lafitte-sur-Lot. À Clairac, deux agriculteurs se sont fait agresser en secouant un prunier qui contenait un nid. » Car, poursuit Guy Dumas, « le frelon asiatique n'est pas agressif avec l'homme, mais il ne faut pas l'énerver ni couper sa ligne de vol. » Néanmoins, en cas de piqûre sur une muqueuse ou d'allergie, le dard du frelon peut se révéler mortel, et ce, d'autant que l'insecte attaque en bande. En juin dernier, une habitante de Saint-Laurent-Médoc a succombé à une piqûre de frelon asiatique, alors que plusieurs d'entre eux s'étaient introduits en plein jour dans la chambre où elle lisait.
Le Lot-et-Garonne est le berceau d'accueil de l'insecte qui apparut pour la première fois dans un jardin de Nérac sous l'œil d'un entomologiste amateur. Lequel le fit identifier par des spécialistes de Montpellier. Pour les abeilles, ce n'était pas une bonne nouvelle.
Acclimaté en France
Quand, en juin 2006, les entomologistes confirment que le frelon asiatique est bel et bien acclimaté en France, cela signifie qu'il est capable d'y nidifier, de s'y reproduire, et que les femelles reproductrices y passent l'hiver. Un chasseur de frelons landais, qui constate que le nombre de nids qu'il détruit double chaque année, s'inquiète. « Il y a quelques années, ils s'installaient assez loin des habitations, mais il n'est plus rare aujourd'hui de les voir dans les haies ou des vérandas. »
La sénatrice PS de Charente Nicole Bonnefoy a interpellé le gouvernement sur les soucis causés par le frelon asiatique. Rappelant qu'un arrêté visait à classer celui-ci comme espèce invasive et qu'une mission interministérielle en cours étudiait des solutions fiables pour le contrôle de l'espèce, elle venait aux nouvelles.
Mais la réponse n'a semble-t-il pas été de nature à apporter beaucoup d'espoir et d'apaisement à ceux qu'inquiète le frelon.
L'invasion suivie sur une carte
À partir de là, Guy Dumas connaît la procédure à appliquer. « Je me rends sur place pour constater. Le propriétaire doit me donner les coordonnées cadastrales du terrain, que je transmets à la préfecture. Avec l'essence de l'arbre sur lequel le nid est installé. La préfecture matérialise ensuite cette position par des points de couleur sur une carte, ce qui permet de suivre l'évolution de l'espèce et de son invasion. »
Ensuite, c'est un spécialiste qui prendra en charge la destruction du nid. Guy Dumas, lui, à force de lever le nez vers les nids, est devenu incollable en matière de Vespa velutina. Il sait que pour cet hyménoptère, tout commence en mars, quand la fondatrice commence à construire. « Au début, pas plus gros qu'un bol. Mais le frelon façonne un magnifique nid de papier dont la forme en demi-coquille d'œuf est très caractéristique. Il faut un point d'eau à proximité pour travailler cette pâte à papier. Les fondatrices, elles, ont besoin de protéines et de sucre. »
« De mars à la mi-juin, le nid grossit. La reine ne sort plus. Elle pond des œufs qui donneront tous des ouvrières. Début juin et juillet, la colonie est composée d'ouvrières adultes et, vers la fin de l'été, de mâles et de femelles sexuées. »
2 000 frelons par nid
« Les femelles sexuées, futures reines, passeront l'hiver dans un endroit abrité, avant, pour quelques-unes d'entre elles, de fonder au printemps une colonie. Lesquelles bâtissent et sortent pour ramener des proies afin de nourrir le couvain et des substances sucrées pour les adultes restés au nid. »
« Chaque nid abrite quelque 2 000 frelons, dont 150 fondatrices, qui peuvent l'année suivante nidifier lorsqu'elles ont été fécondées. À l'automne, les sexués émergent du nid et s'envolent pour s'accoupler. Les mâles et les ouvrières ne passent pas l'hiver. Seules les futures reines survivent et cherchent un abri pour l'hiver : vieille souche, talus, abri sous écorce. »
Guy Dumas, piégeur de formation, a abandonné un peu la piste des renards, corbeaux et corbeilles noires pour la ligne de vol de Vespa velutina. « Cette année, confie-t-il, une quinzaine de nids m'ont été signalés à Tonneins et Fauillet, à Clairac et Lafitte-sur-Lot. À Clairac, deux agriculteurs se sont fait agresser en secouant un prunier qui contenait un nid. » Car, poursuit Guy Dumas, « le frelon asiatique n'est pas agressif avec l'homme, mais il ne faut pas l'énerver ni couper sa ligne de vol. » Néanmoins, en cas de piqûre sur une muqueuse ou d'allergie, le dard du frelon peut se révéler mortel, et ce, d'autant que l'insecte attaque en bande. En juin dernier, une habitante de Saint-Laurent-Médoc a succombé à une piqûre de frelon asiatique, alors que plusieurs d'entre eux s'étaient introduits en plein jour dans la chambre où elle lisait.
Le Lot-et-Garonne est le berceau d'accueil de l'insecte qui apparut pour la première fois dans un jardin de Nérac sous l'œil d'un entomologiste amateur. Lequel le fit identifier par des spécialistes de Montpellier. Pour les abeilles, ce n'était pas une bonne nouvelle.
Acclimaté en France
Quand, en juin 2006, les entomologistes confirment que le frelon asiatique est bel et bien acclimaté en France, cela signifie qu'il est capable d'y nidifier, de s'y reproduire, et que les femelles reproductrices y passent l'hiver. Un chasseur de frelons landais, qui constate que le nombre de nids qu'il détruit double chaque année, s'inquiète. « Il y a quelques années, ils s'installaient assez loin des habitations, mais il n'est plus rare aujourd'hui de les voir dans les haies ou des vérandas. »
La sénatrice PS de Charente Nicole Bonnefoy a interpellé le gouvernement sur les soucis causés par le frelon asiatique. Rappelant qu'un arrêté visait à classer celui-ci comme espèce invasive et qu'une mission interministérielle en cours étudiait des solutions fiables pour le contrôle de l'espèce, elle venait aux nouvelles.
Mais la réponse n'a semble-t-il pas été de nature à apporter beaucoup d'espoir et d'apaisement à ceux qu'inquiète le frelon.
« Il gagne un département de plus par an »
Chargé de recherche à l'Inra, Denis Thiéry est directeur de l'UMR santé végétale.
« Sud Ouest ». Où en est l'invasion du frelon asiatique ?
Denis Thiéry. Il a été introduit dans le Lot-et-Garonne en 2004, vraisemblablement via des poteries chinoises. Il a connu ensuite une forte extension démographique, puisqu'on est rapidement passé d'un nid en 2004 à 2 000, dans la région de Bordeaux, en 2007.
Les nids de frelons asiatiques peuvent compter plusieurs milliers d'individus, contre quelques centaines à peine pour le frelon européen.
Maintenant, l'expansion est aussi géographique. Selon les apiculteurs, le frelon asiatique gagne un département de plus chaque année.
Désormais, il se trouve en Normandie aussi bien qu'en Espagne. Il passera certainement en Grande-Bretagne et en Belgique, et il ne faut pas croire que ce sont les montagnes qui vont l'empêcher de passer.
Pourquoi est-il considéré comme nuisible ?
C'est un redoutable tueur d'abeilles. Or, celles-ci jouent un rôle important dans la survie des végétaux grâce à leur travail de pollinisation, en particulier, en Europe, pour plus de 20 000 espèces de plantes, dont 40 % sont des fruits, des légumes ou des oléagineux. Les neuf ruches de l'Inra, soit environ 90 000 abeilles, ont été détruites en moins de trois mois.
Le véritable problème est l'énor-me destruction que le frelon provoque chez les abeilles et les autres insectes pollinisateurs. Avec un réel risque de baisse de la pollinisation et des baisses de rendement pour de nombreuses productions agricoles. Les frelons se postent devant les ruches et sont capables d'attaquer les abeilles en vol. Le frelon asiatique transporte une partie - le thorax - de l'abeille qu'il tue et qu'il découpe sur place pour en nourrir sa propre colonie. Il est aussi très intéressé par les fruits mûrs et s'attaque au raisin.
Comment peut-on lutter contre cet envahisseur ?
Notre priorité, ce n'est pas d'éradiquer le frelon asiatique, mais de protéger les ruches. Ce qui est fait grâce à des pièges avec appâts.
Dans plusieurs départements, les préfectures ont lancé des campagnes de piégeage. Mais il faut surtout limiter l'augmentation de la population des frelons. C'est une sorte de course derrière l'envahisseur. Il faut aussi savoir que les abeilles ne se laissent pas tuer sans réagir. Certaines ont même mis au point des stratégies pour entourer le frelon et le faire mourir d'hyperthermie.
Le frelon est-il dangereux pour l'homme ?
Habituellement, il n'est pas agressif avec les humains. Mais s'il croit le nid menacé, là, il attaque en groupe. Il y a eu des cas mortels (NDLR : une habitante du Médoc est décédée, au mois de juin dernier, des suites de piqûres de frelon). Il a un dard de 6 millimètres et asperge sa proie de venin.
Peut-on espérer le voir disparaître ?
L'exterminer est une vision de l'esprit. Pour s'en débarrasser, on peut imaginer compter sur les prédateurs - des oiseaux, ou des bactéries qu'il suscite.
Recueilli par H. R.-V.
Chargé de recherche à l'Inra, Denis Thiéry est directeur de l'UMR santé végétale.
« Sud Ouest ». Où en est l'invasion du frelon asiatique ?
Denis Thiéry. Il a été introduit dans le Lot-et-Garonne en 2004, vraisemblablement via des poteries chinoises. Il a connu ensuite une forte extension démographique, puisqu'on est rapidement passé d'un nid en 2004 à 2 000, dans la région de Bordeaux, en 2007.
Les nids de frelons asiatiques peuvent compter plusieurs milliers d'individus, contre quelques centaines à peine pour le frelon européen.
Maintenant, l'expansion est aussi géographique. Selon les apiculteurs, le frelon asiatique gagne un département de plus chaque année.
Désormais, il se trouve en Normandie aussi bien qu'en Espagne. Il passera certainement en Grande-Bretagne et en Belgique, et il ne faut pas croire que ce sont les montagnes qui vont l'empêcher de passer.
Pourquoi est-il considéré comme nuisible ?
C'est un redoutable tueur d'abeilles. Or, celles-ci jouent un rôle important dans la survie des végétaux grâce à leur travail de pollinisation, en particulier, en Europe, pour plus de 20 000 espèces de plantes, dont 40 % sont des fruits, des légumes ou des oléagineux. Les neuf ruches de l'Inra, soit environ 90 000 abeilles, ont été détruites en moins de trois mois.
Le véritable problème est l'énor-me destruction que le frelon provoque chez les abeilles et les autres insectes pollinisateurs. Avec un réel risque de baisse de la pollinisation et des baisses de rendement pour de nombreuses productions agricoles. Les frelons se postent devant les ruches et sont capables d'attaquer les abeilles en vol. Le frelon asiatique transporte une partie - le thorax - de l'abeille qu'il tue et qu'il découpe sur place pour en nourrir sa propre colonie. Il est aussi très intéressé par les fruits mûrs et s'attaque au raisin.
Comment peut-on lutter contre cet envahisseur ?
Notre priorité, ce n'est pas d'éradiquer le frelon asiatique, mais de protéger les ruches. Ce qui est fait grâce à des pièges avec appâts.
Dans plusieurs départements, les préfectures ont lancé des campagnes de piégeage. Mais il faut surtout limiter l'augmentation de la population des frelons. C'est une sorte de course derrière l'envahisseur. Il faut aussi savoir que les abeilles ne se laissent pas tuer sans réagir. Certaines ont même mis au point des stratégies pour entourer le frelon et le faire mourir d'hyperthermie.
Le frelon est-il dangereux pour l'homme ?
Habituellement, il n'est pas agressif avec les humains. Mais s'il croit le nid menacé, là, il attaque en groupe. Il y a eu des cas mortels (NDLR : une habitante du Médoc est décédée, au mois de juin dernier, des suites de piqûres de frelon). Il a un dard de 6 millimètres et asperge sa proie de venin.
Peut-on espérer le voir disparaître ?
L'exterminer est une vision de l'esprit. Pour s'en débarrasser, on peut imaginer compter sur les prédateurs - des oiseaux, ou des bactéries qu'il suscite.
Recueilli par H. R.-V.
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